REBONDISSEMENT EN ITALIE, par François Leclerc

Billet invité.

Avec la crise catalane, le démantèlement de l’Europe se fraye une nouvelle voie. On se souvient de l’Écosse, mais c’était au tour de la Vénétie et la Lombardie de consulter leurs électeurs ce week-end dernier, et le résultat des référendums consultatifs ne laisse aucun de doute à ce sujet.

La participation a atteint 57% en Vénétie et 38% en Lombardie. Les électeurs devaient dire s’ils souhaitaient ou non que leur région dispose de « formes supplémentaires et conditions particulières d’autonomie », 98% d’entre eux ont répondu positivement dans le premier cas, et 95% dans le second. Ces deux régions du nord représentent 15 millions d’habitants et 30% du PIB italien.

Leurs représentants se retournent désormais vers Rome pour demander des compétences renforcées dans de nombreux domaines, en particulier la santé et l’éducation. Mais ils souhaitent aussi négocier leur régime fiscal et revoir à la baisse son solde. Les deux régions versent actuellement 70 milliards d’euros de plus par an en taxes et impôts qu’ils n’en reçoivent au titre des dépenses publiques.

Si les forces indépendantistes, qui ont eu leur heure de gloire, sont désormais marginalisées, un coup d’accélérateur a été donné aux forces centrifuges italiennes. Il peut être retenu que les régions les plus riches du nord ne veulent plus partager comme avant avec celles du Mezzogiorno, une vieille revendication qui resurgit. Mais c’est aussi le reflet d’une désespérance envers le pouvoir politique central, accusé de gaspillage, conduisant les autorités locales à déclarer ouverte la porte à des partenariats directs entre régions.

Au plan politique, il faut voir dans ce résultat lombard l’influence des thèmes favoris de la Ligue du Nord d’extrême-droite, qui sont également repris par le Mouvement des Cinq étoiles : lutte contre la bureaucratie et dénonciation des contraintes de l’État et de l’Union européenne. En Vénétie, le maire de Venise a réclamé « une Italie plus forte et fédérale » avec comme mot d’ordre « non aux égoïsmes, oui à la bonne administration ».

Le nationalisme et le régionalisme prennent le dessus, ainsi que la lutte contre l’establishment, des thèmes très ambivalents qui semblent destinés à prioritairement profiter électoralement à la droite et l’extrême-droite et à ajouter à la confusion régnant dans le Mouvement des 5 étoiles.